Quand on commence sa carrière d’avocat, il n’y a pas que la spécialité ou la rétrocession à regarder. Le type de cabinet que vous intégrez influencera profondément votre quotidien, votre apprentissage… et vos futures opportunités. Travailler dans un cabinet familial, une boutique spécialisée ou une grande structure n’a rien de comparable, tant en matière de rythme, d’exposition, que de possibilités d’évolution.
Dans cet article, on vous aide à y voir clair en décryptant l’ADN de chaque type de cabinet, et les trajectoires qu’ils favorisent.
Les cabinets dits “familiaux” sont souvent composés d’un ou deux associés, avec un nombre restreint de collaborateurs. L’organisation y est très horizontale : tout le monde se connaît, les décisions sont prises rapidement, et les relations interpersonnelles pèsent lourd dans l’ambiance générale.
Dans ce type de cabinet, les jeunes avocats sont souvent exposés rapidement aux dossiers, aux clients, aux audiences. On apprend beaucoup, en observant l’associé, en l’accompagnant, parfois même en le remplaçant. C’est un bon terrain de jeu pour les profils débrouillards, capables de se former par l’action.
Mais cette proximité peut aussi se transformer en fragilité. Si l’entente avec l’associé ne fonctionne pas, il n’y a pas d’alternative. Et les perspectives d’évolution sont souvent limitées : le chemin vers l’association est rare, voire inexistant. Il peut aussi être plus difficile de rebondir ailleurs sans avoir mis un premier pied dans une structure plus grande ou plus reconnue.
Ce type de cabinet peut être une très bonne école, à condition d’y entrer avec les yeux ouverts, et de ne pas y rester trop longtemps si vous avez des ambitions de développement plus larges.
Les boutiques spécialisées sont des cabinets composés de quelques avocats, centrés autour d’un ou deux domaines de compétence pointus. Fiscalité, restructuring, contentieux des affaires, droit du numérique… Ces structures misent tout sur l’expertise.
Y travailler en tant que collaborateur, c’est souvent être très vite responsabilisé, avec une vision globale des dossiers, et des relations très directes avec les associés. C’est aussi un environnement où la qualité de la formation technique est généralement élevée, avec des dossiers exigeants, souvent pour une clientèle spécialisée.
Cela dit, la spécialisation peut devenir une limite. Changer de domaine ou évoluer vers des fonctions plus transversales peut être difficile. Autre point à prendre en compte : la charge de travail peut être importante, et il y a parfois peu de relais pour l’administratif ou les tâches secondaires.
Les boutiques conviennent bien aux jeunes avocats qui savent déjà ce qu’ils veulent faire, qui aiment le contact direct, l'exigence, et les structures où l’on peut rapidement se faire une place.
Travailler dans une grande structure – nationale ou internationale – c’est plonger dans une organisation bien huilée, avec des processus, des hiérarchies, des fiches de temps, des codes couleur pour les dossiers et une armée d’associés, de collaborateurs, de stagiaires, de support.
L’avantage principal est clair : la formation. On apprend vite, bien, avec un encadrement structuré, des relectures serrées, des dossiers techniques et souvent prestigieux. La rémunération est généralement attractive, et c’est une belle carte de visite pour la suite de votre carrière.
Mais cette exigence a un prix : les horaires à rallonge sont la norme, la pression est constante, et l’autonomie peut tarder à venir. Vous êtes souvent cantonné à un segment très précis du dossier, et il peut se passer plusieurs années avant que vous voyiez l’intégralité d’un deal ou d’un contentieux.
Ces cabinets conviennent aux jeunes avocats qui ont envie de se confronter à l’excellence technique, qui sont prêts à beaucoup donner au départ pour capitaliser ensuite, et qui envisagent leur carrière sur le long terme, avec l’envie d’ouvrir des portes à l’international, de rejoindre un département juridique, ou de s’installer avec une très solide formation.
Choisir son cabinet, c’est choisir sa trajectoire.
Votre premier cabinet ne sera sans doute pas celui de toute votre carrière. Mais c’est celui qui va poser les bases de vos réflexes, de vos méthodes de travail, de votre posture.
Prenez le temps de comprendre ce que chaque structure peut vous offrir, et ce qu’elle attendra de vous. Le bon choix, ce n’est pas celui qui impressionne votre entourage. C’est celui qui vous donne de l’élan.