Juriste en attente de prestation de serment : mode d’emploi
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Juriste en attente de prestation de serment : mode d’emploi

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Vous avez validé le CAPA mais pas encore prêté serment ? On vous explique le statut de juriste en attente, ses modalités et ses pièges à éviter.

Ça y est : vous avez validé le CAPA. L’école d’avocats est derrière vous, les stages aussi. Il ne vous reste qu’une seule étape avant d’exercer officiellement : la prestation de serment. En attendant, vous entendez parler de statut de juriste, de fiches de paie, de rétrocessions "à la baisse", de contrat temporaire… Alors, qu’est-ce que ce statut hybride qu’on appelle juriste en attente de prestation de serment ? Est-ce un vrai job ? Est-ce intéressant ? Et à quoi faut-il faire attention ?

Qui peut être juriste en attente de prestation de serment ?

Le statut concerne exclusivement les futurs avocats ayant validé le CAPA, mais n’ayant pas encore prêté serment.

Cela peut être :

  • Des élèves-avocats fraîchement diplômés (ex : rentrée de l’EDA en décembre, prestation prévue en janvier ou février),
  • Des candidats ayant choisi de retarder volontairement leur serment (par exemple pour finir un stage, ou prendre le temps de choisir leur barreau),
  • Des personnes qui n'ont pas encore obtenu de date de prestation.

Qu’est-ce qu’un juriste en attente de serment ?

Il s’agit d’un poste temporaire, souvent proposé par un cabinet d’avocats à un futur collaborateur avant qu’il puisse signer un contrat de collaboration libérale.

Techniquement, vous n’êtes pas avocat. Donc :

  • Vous n’exercez pas la profession,
  • Vous ne pouvez pas plaider,
  • Vous n’êtes pas soumis aux obligations déontologiques de la profession (bien que beaucoup s’y conforment déjà),
  • Vous n’avez pas à être inscrit au barreau ni à payer de cotisations ordinales ou CNBF.

Où travaille-t-on dans ce statut ?

  • Le plus souvent : dans le cabinet qui vous recrutera ensuite en tant que collaborateur libéral.
  • Parfois, dans une autre structure juridique (juridique d’entreprise, organisation, etc.) si vous attendez une opportunité.

Quand commence-t-on ? Et pour combien de temps ?

En général, ce statut dure quelques semaines à quelques mois, entre la validation du CAPA (fin octobre/début novembre) et la date de prestation de serment (souvent janvier/février/mars selon les barreaux).

À noter : certaines écoles organisent des sessions de prestation en décembre, d’autres plus tard. Plus vous êtes inscrit tôt au barreau, plus votre serment pourra être rapide.

Quel est le régime juridique et social de ce statut ?

C’est là que ça se complique (un peu) : vous n’avez pas le statut d’avocat libéral. Vous ne pouvez donc pas facturer via rétrocession. En revanche :

3 options principales :

1. Contrat de travail (CDD ou CDI) → statut salarié, bulletin de salaire, URSSAF, mutuelle, etc.2. Contrat de prestation (freelance) → si vous avez déjà créé une structure type micro-entreprise ou EI.3. Contrat d’usage / stage prolongé → plus rare, parfois utilisé pour combler une courte période.

Dans la majorité des cas, le cabinet propose un CDD avec une rémunération forfaitaire mensuelle, proche (mais souvent inférieure) à celle du futur collaborateur libéral.

Combien est-on payé ?

Il n’y a pas de grille officielle, mais les usages constatés :

  • Paris : entre 2 500 € et 3 500 € brut mensuels, parfois plus dans les cabinets internationaux. En réalité, les cabinets tentent de s’aligner avec le montant net touché lorsque vous basculerez en collaboration libérale.
  • Régions : souvent entre 2 000 € et 3 000 € brut.

Attention : cette rémunération est brute, donc soumise à cotisations sociales salariales.

Pourquoi ce statut peut-il être utile ?

Pour vous :

  • Vous entrez directement dans la vie du cabinet,
  • Vous commencez à prendre vos marques sur les dossiers,
  • Vous préparez votre arrivée comme collaborateur,
  • Vous touchez un revenu pendant la transition.

Pour le cabinet :

  • Il sécurise votre recrutement,
  • Il vous teste dans un cadre professionnel,
  • Il vous forme sur ses méthodes.

À quoi faut-il faire attention ?

À la clarté du contrat : exigez un document écrit, avec la durée, les tâches, la rémunération.

Au contenu des missions : vous ne devez pas être traité comme un avocat sans en avoir ni le statut, ni la rémunération, ni les garanties.

À la date de serment : alignez-vous dès le départ avec le cabinet pour savoir quand vous deviendrez officiellement collaborateur.

Aux cotisations : ne payez aucune cotisation d’avocat (CNBF, ordinales, etc.) tant que vous n’avez pas prêté serment.

En résumé

Le statut de juriste en attente de prestation de serment est une solution transitoire utile, qui permet d’intégrer un cabinet avant de prêter serment. Il peut être rémunérateur, formateur, et vous faciliter l’entrée dans la collaboration. Mais comme toujours : clarifiez les termes, formalisez l’accord, et ne vous engagez pas les yeux fermés.