Peut-on changer de cabinet d’avocats dès la première année ?
Articles

Peut-on changer de cabinet d’avocats dès la première année ?

date de publication

Quand on commence sa carrière, on imagine souvent devoir tenir plusieurs années dans son premier cabinet avant de pouvoir “légitimement” envisager un départ. Mais dans les faits, beaucoup de collaborateurs changent de cabinet dès la première année – et ce n’est pas forcément une erreur. Encore faut-il comprendre ce que ce changement implique, comment l’aborder, et dans quelles conditions il est bien perçu par les recruteurs.

Changer de cabinet rapidement : une réalité plus fréquente qu’on ne le croit

Chez Neria, près d’un tiers des collaborateurs que nous rencontrons envisagent un changement avant leur premier anniversaire dans le cabinet. Ce chiffre grimpe encore dans certaines spécialités très tendues, comme le M&A ou la fiscalité.

Pourquoi ?

Parce que le décalage entre l’idée qu’on se faisait du métier… et la réalité peut être brutal :

  • Une surcharge de travail non anticipée
  • Un management distant ou oppressant
  • Une spécialisation imposée trop tôt
  • Un manque de formation ou d’accompagnement
  • Une ambiance d’équipe toxique

Beaucoup de jeunes avocats découvrent en poste que le cabinet ne leur correspond pas – et il est inutile de “tenir” pour de mauvaises raisons.

⚠️ Attention : un collaborateur qui s’ennuie dès les premiers mois peut ne pas être tombé dans un cabinet trop calme… mais plutôt dans une équipe où on l’a volontairement mis au placard. Ça arrive plus souvent qu’on ne pense. Si vous avez l’impression de ne servir à rien, qu’on ne vous confie aucun dossier, sans explication… il est peut-être temps de lever le drapeau. Avant de vouloir partir, soyez pro actifs, s’il n’y a pas beaucoup de dossiers en cours, il y aira toujours des missions internes pour le cabinet, les projets à implémenter, des dossiers personnels à développer…

Ce que les recruteurs pensent vraiment d’un départ rapide

Changer de cabinet au bout de quelques mois n’est pas un problème en soi. Ce qui compte, c’est la manière dont vous l’expliquez et ce que vous avez retiré de cette première expérience.

Les recruteurs sont attentifs à :

  • Votre capacité d’analyse sur ce qui n’a pas fonctionné
  • Votre niveau d’exigence et de réalisme vis-à-vis de la prochaine structure
  • Votre attitude vis-à-vis du cabinet quitté (évitez de “casser du sucre”)
  • Votre apprentissage, même court, de la collaboration

Un recruteur préférera souvent quelqu’un qui part tôt pour de bonnes raisons, qu’un collaborateur qui a “tenu” trois ans dans un cabinet qui ne lui allait pas du tout.

⚠️ En revanche, enchaîner les cabinets trop rapidement, sans stabilité ni ligne claire dans le parcours, inquiète fortement. Deux départs en moins de deux ans peuvent faire douter de votre capacité à vous projeter. Si vous avez connu un premier loupé, prenez le temps de bien choisir la suite.

Quand faut-il partir (et quand faut-il rester) ?

Il ne s’agit pas de partir au premier obstacle. L’erreur serait de confondre inconfort passager et problème structurel.

Vous pouvez envisager un départ si :

  • Vous subissez un management toxique
  • Vous n’êtes pas du tout formé(e) et livré(e) à vous-même
  • Vous vous sentez totalement en décalage avec la culture du cabinet
  • Vos missions sont à 100 % éloignées de ce que vous voulez faire
  • Vous êtes dans un état de fatigue ou de mal-être persistant

En revanche, soyez prudent(e) si :

  • C’est “dur” mais que vous apprenez beaucoup
  • Vous êtes bien entouré(e) même si la charge de travail est importante
  • Vous n’avez pas encore eu de retour clair sur vos performances

Comment bien gérer une transition dès la première année ?

Voici quelques conseils si vous vous apprêtez à changer rapidement :

  • Faites un vrai bilan personnel : posez à plat ce que vous avez aimé ou non, ce que vous recherchez désormais, et ce que vous pouvez concéder.
  • Préparez votre discours pour les entretiens : soyez transparent sans être dans la plainte.
  • Valorisez ce que vous avez appris : rigueur, autonomie, gestion du stress… même une courte expérience peut être riche.
  • Ciblez des cabinets adaptés : après une erreur de casting, l’enjeu est de viser juste. Faites-vous accompagner si besoin.

Conclusion

Changer de cabinet dès la première année ne signe pas l’échec d’un parcours – au contraire, cela peut marquer le début d’un chemin plus aligné. Mais il faut le faire au bon moment, pour de bonnes raisons, et surtout, éviter de multiplier les départs précipités. Dans ce métier, la cohérence du parcours compte presque autant que les compétences.