Un entretien de recrutement dans un cabinet d’avocats n’est jamais anodin. C’est souvent un moment de stress, de séduction, et parfois de projections un peu rapides. Pourtant, ce moment est aussi l’occasion de détecter les signaux faibles qui pourraient en dire long sur la suite de la collaboration. Tous les cabinets ne se valent pas, et certaines expériences laissent plus de traces que de lignes sur un CV.
Si vous êtes collaborateur ou future collaboratrice, voici les signaux qui devraient vous mettre en alerte – sans forcément tout faire annuler, mais au moins vous inviter à poser les bonnes questions.
Il arrive encore trop souvent que les cabinets proposent une collaboration sans fiche de poste claire, sans rétrocession fixée à l’avance, ou sans détail sur les horaires, les objectifs ou l’équipe. Si les réponses sont floues à vos questions, c’est généralement qu’elles le resteront pendant toute la collaboration.
Autres points à vérifier dès les premiers échanges :
Un cabinet qui veut vous recruter doit être capable de vous donner un cadre. Le reste, ce sont des promesses.
Il ne faut pas être naïf : tous les cabinets sont sous pression, tous les avocats courent. Mais il y a une différence entre de l’activité intense et du chaos permanent. Si vous ressentez que tout est fait à la dernière minute, que l’entretien est improvisé ou que personne ne semble savoir que vous venez, posez-vous des questions.
Attention aussi à l’ambiance ressentie :
Vous passerez probablement plus de temps dans ce cabinet que chez vous. Votre ressenti compte.
Certains cabinets vendent la lune. “Ici, vous serez formé.e comme nulle part ailleurs.” “Vous allez travailler sur des deals internationaux dès la première semaine.” “La rétro est basse au début, mais ça explose très vite.”
Faites attention aux promesses déconnectées de la réalité :
Si vous sortez de l’entretien avec une sensation de flou artistique ou une impression d’avoir été bercé.e de belles paroles… c’est peut-être que le projet n’est pas clair pour eux non plus.
Un cabinet, c’est aussi une culture. Si vous sentez dès l’entretien que vous ne partagez pas les mêmes valeurs, mieux vaut ne pas forcer.
Quelques exemples de dissonances :
Un bon cabinet, ce n’est pas seulement un bon dossier ou une belle rétro. C’est un endroit où vous vous sentez en phase avec ce qui est valorisé.
Si vous avez accès à l’historique du cabinet (Google, LinkedIn, réseaux, bouche-à-oreille…), regardez combien de temps les collaborateurs restent. Un cabinet où tout le monde part au bout de 6 mois, ou un cabinet qui change d’équipe tous les ans, ce n’est jamais un bon signe.
Certains associés sont connus pour “user” les jeunes recrues. D’autres pour ne jamais faire évoluer leurs collaborateurs. Vous avez le droit d’enquêter.
N’hésitez pas à poser la question franchement :
“Combien de temps en moyenne restent vos collaborateurs ?”
“Est-ce qu’un collaborateur est devenu associé récemment ?”
Si les réponses sont évasives ou défensives, vous avez votre réponse.
Enfin, un signal moins évident, mais tout aussi important : si vous sentez que le cabinet vous veut, mais ne sait pas quoi faire de vous, attention au “placard”.
Un collaborateur qu’on embauche sans mission claire, sans matière définie, sans objectif, peut finir sous-employé, oublié, frustré… avant de finir par partir ou être écarté. Cela arrive souvent dans les grosses structures où certains recrutements servent plus à “garder sous la main” un profil qu’à répondre à un vrai besoin.
Changer de cabinet ou signer votre première collab, c’est une décision importante. Ne laissez pas la peur de déplaire ou l’envie de “faire bonne impression” vous faire ignorer des signaux évidents.
Vous êtes aussi là pour recruter votre futur environnement de travail.
Posez des questions, observez, écoutez ce que l’on vous dit… et ce que l’on ne vous dit pas.