Marché

Bac +7 pour exercer moins de 10 ans en tant qu’avocat ?

April 3, 2023

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Fatigue, déception, balance vie professionnelle / vie personnelle difficile à trouver, manque de reconnaissance… les avocats sont nombreux à vouloir changer de métier dans les premières années de carrière. Près d’un tiers des avocates (et 20% des avocats) quittent la robe dans les 10 premières années d’exercice.

Plus globalement, la transition professionnelle et les questionnements que cela comprend touche l’ensemble des actifs. A ce sujet, le centre Inffo a présenté lundi 27 mars les résultats de son 4eme baromètre de la formation et de l’emploi, consacré cette année à la transition professionnelle (enquête centre Inffo - transition professionnelle - 27.03.23)

Les constats

  • Les actifs ont largement conscience des évolutions du marché du travail et 1/3 d’entre eux se déclare “pas confiant” sur son avenir professionnel. Cette inquiétude est en hausse depuis 2020 et touche particulièrement les séniors, les femmes et les personnes au chômage.
  • 41% ont l’impression que leur métier évolue vite et ont conscience de devoir adapter leurs compétences.
  • La formation professionnelle est perçue positivement (80%).
  • Un chiffre interpelle : 21% des actifs préparent une reconversion professionnelle actuellement et 34% y songent à plus ou moins long terme.

Pour revenir spécifiquement à l’avocature, les collaborateurs de plus en plus jeunes se posent la question de partir en direction juridique, abandonner l’ascension de poste (collaborateur, senior, counsel…) pour atteindre l’association.

Alors souvent les associés recruteurs nous demandent pourquoi une telle fuite des avocats ? Où sont-ils passés ? Pourquoi nous ne recevons plus autant de candidatures qu’avant ?

“Les collaborateurs sont en quête de sens des actions qu’ils mènent.”

Quelques raisons de leur départ

  • Manque d’équilibre vie professionnelle / vie personnelle : les avocats ont pleine conscience que leur métier implique un rythme intense, des urgences... Ils sont d’ailleurs préparés et assument pleinement certains sacrifices. Toutefois, ils n’acceptent plus de faire ces sacrifices sans raison valable, sans justification d’une réelle urgence. Comme beaucoup dans les nouvelles générations d’actifs, les collaborateurs sont en quête de sens des actions qu’ils mènent.
  • Rythme intense : les avocats ne comptent pas leurs heures. Leur rythme est particulier et intense, les vacances peuvent souvent se retrouver entrecoupées de période de travail et il est difficile de deconnecter complètement avec ses dossiers.
  • Un rapport temps de travail / rémunération pas toujours en accord : bien que les rétrocessions ne cessent d’augmenter ces derniers mois / années, cette évolution est loin d’être quelque chose d’uniformisé au sein de toutes les structures. Schématiquement, les strutcures anglo saxonnes, les grands cabinets français sur la place parisienne et quelques cabinets de niches ont beaucoup augmenté les montants de rétrocession. Au-delà de ces strcutures, les autres cabinets n’ont pas pu (pas voulu) s’aligner sur des montants. Plus encore, hors de la capital, et même si le coup de la vie est plus faible, les rétrocessions sont bien plus basses. Avec les horaires intenses des avocats, le montant gagné par ceux-ci rapporté à l’heure ne démontre pas d’une rémunération si important, loin d’être aussi élevée que ce qui existe dans l’imaginaire collectif chez les avocats.
  • Un management peu développé et peu institutionnalisé
  • Un avenir lointain et incertain pour devenir associé : imagé comme un parcours du combattant, le chemin pour devenir associé est souvent long et incertain. Les processus et parcours d’évolution sont peu clairs, un grand jeu de politique interne entre en compte… De plus, sans clientèle personnelle il est très difficile d’atteindre ce statut et dans le même temps, en tant que collaborateur, il peut être difficile de développer sa clientèle personnelle en raison notamment du rythme et du peu d’apprentissage au sujet développement commerciale.

Où sont passés les avocats ?

En premier lieu, les avocats partent en masse en entreprise. La plupart des avocats quittant la robe partent travailler en tant que juriste d’entreprise. Le titre d’avocat est un atout pour les recruteurs en entreprise, c’est un gage de fiabilité et favorise l’insertion professionnelle. Avec cette décision, beaucoup recherchent une stabilité financière, une stabilité horaire, les avantages du salariat et de l’entreprise…

Par ailleurs, les cabinets les plus connus avec les rémunérations les plus importantes n’attirent plus autant qu’avant. Les avocats se dirigent de plus en plus vers des cabinets moins connus (souvent avec une rétrocession plus faible), de niche mais qui prend certains engagements. Il s’agit notamment de permettre clairement à l’avocat d’être formé, d’avoir un parcours d’évolution en interne clairement annoncé et ainsi d’avoir de réelles perspectives d’évolution. Les dossiers traités le sont de A à Z et les sujets et urgences sont expliquées. Tout cela participe à la quête de sens dont les nouvelles générations ont besoin.

En outre, les nouveaux d’avocats font partie d’une génération de plus en plus entrepreneuriale. Ils osent plus rapidement ouvrir leur propre structure, se lancer à leur compte et n’attendent plus aussi longtemps de gravir les échelonner et que les anciens générations leur transmettent le relai.

Enfin, et cela pour tous secteurs d’activité et notamment depuis le covid, certains avocats ont décidé de quitter la robe pour faire un virage à 180° et se reconvertir dans des métiers très éloignés du juridique (boulanger, brasseur de bière, productrice de films, puériculture…, la lettre des juristes d’affaires à fait le portrait de plusieurs avocats d’affaires ayant fait ce choix ⇒ Article de La Lettre des Juristes d'Affaires).

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